L’exposition présente une série de photographies de paysages autour de l’eau. Les prises de vue ont été réalisées au cours de voyage en Islande, Picardie et au bord de la Méditerranée : une invitation à la contemplation.
Photographe de métier, Simone Simon a quitté le monde de la mode pour se consacrer à une pratique artistique mêlant prises de vue, vidéos, enregistrements sonores et témoignages écrits. Chacun de ses projets rend une réalité brute mais souvent poétique, des salles de boxe aux souvenirs d’enfance. Elle cherche dans les sujets qu’elle capte un témoignage vivant. Depuis peu, elles se consacre aux paysages.
A la sortie de ce temps suspendu qui nous a été imposé par l‘épidémie du Covid, j’ai recherché le contact avec la nature. Pouvoir à nouveau voyager m’a permis d’entreprendre une série de paysages. Toutes mes photographies ont un lien avec l’eau, la mer, les lacs… certaines sont prises en Baie de somme, en Islande ou au bord de la Méditerranée.J’ai recherché par la technique photographique à créer un mouvement qui les rend vivantes. Les lignes qui structurent l’image, la texture, le velouté les idéalisent. Je travaille en numérique mais ayant longtemps pratiqué l’argentique je ne retouche pas mes images. Le protocole que j’engage pour leur réalisation m’impose des règles strictes ce qui en fait la rareté.
La biographie de la photographe
Photographe de métier, Simone Simon exerça dans le milieu de la mode et de la publicité, une carrière à laquelle elle met un terme dès le début des années 2000, date à laquelle elle développe une pratique artistique mêlant prises de vue, vidéos, enregistrements sonores et témoignages écrits. Chacun de ses projets est construit de façon pragmatique, pour rendre une réalité brute, souvent poétique. Ancrée dans une démarche sociale, elle cherche dans les sujets qu’elle capte un témoignage vivant, où l’absence et le temps pèsent tantôt comme une menace, tantôt comme un espoir.
Ainsi, le temps semble s’être arrêté lorsqu’elle photographie des quartiers industriels et des infrastructures désaffectées dans plusieurs villes européennes, donnant à la lumière le premier rôle (Souriez, on se détruit, Ainsi va la lumière). Avec Les portes du St Pierre (éd. Le Passager Clandestin), elle va à la rencontre de femmes dans une banlieue de Nice alors que leur immeuble insalubre, déjà à moitié abandonné, s’apprête à être détruit. Invoquant les souvenirs enfouis de l’enfance, berceau des premières émotions, elle rassemble des témoignages audio, à la limite du rêve (Ne regardez pas le renard passer). Avec Nostalgie du présent, clin d’œil à l’univers de Paul Auster, elle met en vis-à-vis des visages d’enfants et d’adultes : « Tout est déjà inscrit dans un visage d’enfant »*, constate-telle et les doubles portraits qu’elle propose font surgir de façon troublante l’étonnante ressemblance d’un visage que le temps ne peut dénaturer.
Souvent, Simone Simon s’appuie sur la participation d’anonymes (Sur le passage de quelques personnes à travers...) et quelle que soit la problématique posée, les images, récits et témoignages parlent un langage commun à tous. L’artiste met en relief des images mentales, des convictions, des regrets ou des rêves, en prenant le temps d’écouter, avec la volonté forte de ne rien mettre en scène, mais simplement de saisir une réalité subjective dans laquelle chacun peut retrouver un peu de soi et de son rapport aux autres. C’est également sa démarche lorsqu’elle réalise avec Eric Antolinos le film, Boxing-club, tourné dans un club de boxe de la banlieue niçoise. Là, elle laisse la parole libre et s’attarde sur les gestes sportifs et sur les attitudes qui fabriquent le lien entre ces habitants de toutes les générations et de communautés confondues. Dans son travail actuel de photographies et de témoignages, CORPS/VOIX territoire de l'intime, elle réunit une trentaine de témoignages de femmes dans le rapport souvent heurté qu’elles entretiennent avec leur corps. Posant nues dans un cadre qui leur est intime, ces femmes anonymes affirment leur volonté de liberté : elles s’élèvent contre les diktats culturels et les codes esthétiques, souvent aliénants.
Sans jamais verser dans le pathos, ni revendiquer un quelconque militantisme, elle évoque pourtant comment les vies des gens sont touchées par les décisions politiques de tous ordres. Bienveillance et lenteur fabriquent cette poésie si particulière, où le temps semble suspendu.
Christine Parasote
* Paul Auster in L’invention de la solitude, éditions Actes Sud, 1993
Le workshop
D'octobre 2022 à février 2023, Simone Simon a animé avec Hélène Singer, professeur de photographie, un workshop auquel ont participé des étudiants de l’École des Beaux-arts. Une sélection de leurs travaux, sur les thèmes du portrait et de « Versailles insolite »,
est présentée au rez-de-chaussée de la galerie.
Ils ont également conçu une pochette pour mettre en valeur leurs tirages avec Sophie Gueroult, professeur de reliure.