Paul Celan est un poète majeur de la seconde moitié du XXe siècle, peut-être le plus grand. Il est né en 1920 à Czernowitz, en Bucovine, près de la frontière entre la Roumanie et l’Ukraine. Ses parents, des juifs d’Europe centrale, sont morts en 1942 dans les camps d’extermination nazis ; il a lui-même passé près de deux ans dans un camp de travail. S’il parlait couramment le roumain, le russe et le français, sa langue maternelle était la langue allemande ; il a donc écrit toute son œuvre dans une langue qui fut aussi celle des bourreaux. « Dans cette langue j’ai essayé d’écrire des poèmes pour parler, pour m’orienter, pour reconnaître où je me trouvais, et où je devais aller, pour m’ébaucher une réalité » précisera Paul Celan dans une lettre à son amie Ingeborg Bachmann. De fait, la poésie de Paul Celan est une poésie portée, vécue, incarnée qui contredit le célèbre propos du philosophe allemand Adorno : « écrire un poème après Auschwitz est barbare ».
En privilégiant une approche biographique de Celan et en lisant quelques-uns de ses poèmes, Didier Cahen nous convie à approcher les multiples vérités d’un poète au destin improbable.