L'exposition
La Ville de Versailles accueille au musée Lambinet l’exposition Passion post-impressionniste : histoire d’une collection du 15 octobre 2025 au 15 février 2026. Près de 50 oeuvres patiemment réunies par un couple de collectionneurs seront ainsi présentées parmi lesquelles les toiles de Paul Signac (1863-1935), Maximilien Luce (1858-1951) ou encore Maxime Maufra (1861-1918). Cette exposition a été l’occasion de procéder à la restauration de la quasi-totalité des peintures, d’une grande majorité de dessins et de revoir les montages et encadrements, nous permettant de les admirer avec un oeil neuf.
Une collection à l’éclat retrouvé
Il y a 21 ans, le musée Lambinet s’enrichissait considérablement grâce au legs de la collection de Fernande Guy (1903-2004) et Marcel Guy (1901-1991), constituée de peintures et de dessins post-impressionnistes de premier plan. En 2006, cette exceptionnelle collection avait déjà fait l’objet d’une exposition au musée Lambinet accompagnée d’un focus sur l’artiste Paul Signac.
Près de 20 ans plus tard, après une campagne inédite de restauration de la grande majorité de ses oeuvres, l’équipe du musée souhaite rendre une nouvelle fois hommage à ces donateurs et offrir aux visiteurs un nouveau regard sur ce fonds d’une qualité remarquable et à l’éclat retrouvé. Les visiteurs sont invités à redécouvrir la richesse de la palette de ces artistes de paysages et leur touche si particulière. Aujourd’hui encore plus qu’hier, cette collection, inscrite dans le goût de son époque est un atout considérable au sein des collections modernes du musée Lambinet. Cette nouvelle présentation répartie sur les quatre salles d’exposition au rez-de-chaussée du musée, est accompagnée d’un catalogue édité par les éditions Lord Byron.
L’exposition retrace la constitution de cet ensemble qui commence en 1946, après la guerre, avec leur premier achat, Champs de blé en Normandie par Gustave Loiseau. Leur collection s’enrichira de 24 peintures et 21 dessins, couvrant une période allant de 1880 à 1929. Elle rassemble des paysages de Paris, d’Île-de-France, de Bretagne et de Normandie créés par les figures majeures de la scène artistique de l’époque que sont Gustave Loiseau (1865-1935), Maximilien Luce (1858-1941), Henry Moret (1856-1913) ou encore Paul Signac (1863-1935).
Le post-impressionnisme
Le post-impressionnisme regroupe tous les peintres qui ont cherché à aller au-delà de l’impressionnisme qui avait fait de la lumière son sujet de prédilection. Ce courant, qui n’est pas un mouvement unifié, inclut de nombreux styles et réunit des artistes qui s’expriment avec une grande liberté. Une nouvelle énergie singulière apparaît après 1880, et les artistes explorent de nouveaux langages picturaux ; le pointillisme, le synthétisme, ou encore le symbolisme. À l’intérieur de cet ensemble d’artistes s’expriment des personnalités à la fois très différentes mais caractérisées par ces recherches autour de la touche, de la couleur et de la structure qui annoncent les mouvements fondamentaux du début du XXe siècle comme le fauvisme ou l’expressionnisme.
Et ce sont ces artistes à la charnière entre l’impressionnisme du XIXe siècle et les mouvements audacieux du XXe siècle qui ont passionné le couple de collectionneurs Guy auquel le musée Lambinet rend hommage. De plus en plus fréquemment sollicités pour des prêts en France et à l’étranger en raison de l’engouement croissant pour les artistes de ce courant, ces oeuvres sont aujourd’hui rassemblées dans la ville de Versailles que leurs propriétaires avaient choisie avec soin pour en assurer la préservation et le partage au public.
La dernière salle de l’exposition fait la part belle aux artistes qui se taillent la part du lion dans la collection Guy : Gustave Loiseau et Maximilien Luce. Maximilien Luce, qui vient de faire l’objet d’une importante exposition au musée de Montmartre, fait partie des incontournables de la collection Guy. Caractérisé par une fibre sociale très importante, anarchiste revendiqué, Luce est aussi un peintre paysagiste exceptionnel, reconnaissable à sa touche pointilliste et de teintes vives, se jouant des contrastes entre de puissants mauves et des jaunes électriques comme dans Paris, vue de la Seine, la nuit, toile achetée en 1959 par les Guy.
Gustave Loiseau quant à lui peint des paysages en bords de rivières, notamment en Île-de-France, et ce à des heures particulières de la journée afin de capter une lumière singulière et avec l’intention de faire vibrer sa touche picturale.
Ce pointillisme ou ce divisionnisme exploré par la plupart des peintres post-impressionnistes rassemblés par les Guy, a été particulièrement mis en oeuvre par Paul Signac. Grâce au don, ces deux aquarelles de cet artiste majeur du néo-impressionnisme ont fait leur entrée dans les collections du musée Lambinet. Le Port de Cherbourg de 1932 nous laisse, par exemple, un témoignage vif et spontané du grand projet de l’artiste autour des ports de France.
Fernande et Marcel Guy, un couple de collectionneurs
L’ exposition s’ouvre sur la présentation de Fernande et Marcel Guy, collectionneurs à l’origine du legs de cet ensemble important d’oeuvres de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Industriel, Marcel Guy partage le goût de sa femme pour les beaux-arts, allant de la peinture aux arts décoratifs en passant par le dessin. Ils sont ce que l’on peut appeler des collectionneurs ”modernes classiques”, c’est-à-dire qu’ils s’intéressent à la fois au mobilier XVIIIe siècle et à la peinture du tournant des XIXe et XXe siècles, essentiellement celle de paysages. Quelques-uns de leurs meubles précieux mais aussi des documents d’archives comme le cahier d’inventaire dans lequel Marcel Guy consignait tous ses achats, sont présentés dans cette salle aux côtés de leurs premières acquisitions.
En 2004, à la suite de la disparition de Fernande Guy, le legs entre officiellement au musée Lambinet. L’ important fonds de dessins témoigne de l’oeil du couple pour des créations spontanées des artistes de cette période comme Sisley, Signac, Maufra ou Lebasque notamment. C’est le coup de coeur qui guide leurs acquisitions, ne cherchant pas à compléter leur collection de manière méthodique et raisonnée, mais bien de laisser libre court à leur désir de collectionneur. Les dessins forment au sein de cet ensemble un espace de liberté, il est en effet le seul médium à présenter des figures humaines et un nu, offert par l’artiste Filiberti, lui-même.
C’est la fréquentation de galeries – dont celle de Reynald Forgeot est à remarquer – et des salles de ventes de l’hôtel Drouot qui permettront au couple de constituer progressivement leur collection. Nombre d’oeuvres sont ainsi passées par les mains du fameux marchand Durand-Ruel et on imagine aisément que cela rassurait les Guy quant à la qualité de leurs acquisitions. Très vite, la collection se concentre autour de ces paysages post-impressionnistes qui, tout en exploitant les recherches picturales menées par leurs prédécesseurs, développent des recherches personnelles sur les couleurs, la touche et la lumière.
Les Guy ajoutent aux nombreux paysages de leur collection quelques natures mortes et un nu. Des dessins à la plume de Max Jacob (1876-1944) et Une femme à sa toilette de Jean-Louis Forain (1852- 1931) témoignent encore plus de l’oeil averti des deux collectionneurs. Sans descendant, et après quelques recherches dans les musées de la région, ils décident de léguer leur collection au musée Lambinet à Versailles, à la mort du dernier vivant. Avec cet acte de générosité, le couple Guy se place dans la lignée des nombreux amateurs et amatrices d’art qui, à travers leurs dons et leurs legs, ont fait du musée Lambinet “le musée de collectionneurs” qu’il est encore aujourd’hui.
Visites et rencontres
Visite commentée de l’exposition : les 19 octobre, 16 novembre, 7 décembre et 8 février de 15h à 16h30
Conférence “ Maximilien Luce, chefs-d’oeuvres de la collection Guy” avec Jeanne Paquet, spécialiste de l’artiste : le dimanche 26 octobre à 17h
Concert “Au bord de l’eau” par le Trio Orpheus : le jeudi 13 novembre à 19h30
Lecture théâtralisée “Une partie de campagne” de Guy de Maupassant : le dimanche 23 Novembre à 17h
Visite commentée “D’un collectionneur à l’autre : les peintures de paysages à l’honneur” : le dimanche 18 janvier de 15h à 16h30
Rencontre avec Elodie Delaruelle, restauratrice des oeuvres peintes de l’exposition : le dimanche 1er février à 17h
Les enfants dès le CP pourront parcourir l’exposition en s’amusant avec un livret-jeux conçu spécialement pour eux.