Avec l’arrivée des beaux jours, synonymes de printemps, l’on voit apparaître autour du tronc de certains pins, un curieux collier assorti d’un sachet. Si l’aspect esthétique peut évidemment poser question, ce piège, puisque c’en est un, vise une espèce particulièrement médiatisée ces dernières années : la processionnaire du pin. 
Une autre espèce de chenille est également sous le feu des projecteurs, résultat d’impressionnantes proliférations : la processionnaire du chêne.
Toutes deux, très reconnaissables à leurs couleurs et leurs poils urticants, sont considérées comme « animaux nuisibles » pour la santé depuis fin avril 2022, et sont les larves de papillon de nuit. Bien qu’elles se déplacent en procession après leur éclosion, d’où leur nom évocateur, elles ne présentent pas le même cycle biologique et les méthodes de lutte différent donc.

Par exemple : la chenille processionnaire du pin devient urticante à partir de novembre à mars, voire avril selon les années, alors que les chenilles processionnaires du chêne présentent des propriétés urticantes de mai à juillet.

Zoom sur ces deux espèces :

La processionnaire du pin

Thaumetopoea pityocampa de son nom latin, pond 200 à 300 œufs par an. Ecloses 30 à 40 jours après, les larves vont muer (et grandir) à trois reprises avant l’hiver, période où les premiers nids vont être créés. Ces nids, appelés nids d’hiver, sont placés de façon à être exposés le plus possible au soleil, servant ainsi de radiateur.

La processionnaire du pin est brune avec des taches plus claires.

Si une grande partie de son cycle biologique se situe dans l’arbre, sa nymphose (stade de la transformation entre la chenille et le papillon) se fera nécessairement enterrée dans le sol et sur plusieurs mois : de février à mai (voire plusieurs années selon les régions).

En juin a lieu la sortie du sol et l’accouplement. La femelle ne vivra que quelques jours le temps de pondre, à peine 2 jours pour le mâle.

La lutte des processionnaires du pin est compliquée puisque l’élimination des chenilles ne garantit pas que l’arbre ne sera pas infecté l’année suivante par la venue d’un papillon d’un arbre voisin. L’idéal est donc de mener une lutte concertée avec des propriétaires d’arbres proches par la pose d’écopièges en janvier, mi-février au plus tard avant que les chenilles ne redescendent. En mai-juin, il s’agira plutôt d’utiliser des pièges à phéromones pour attirer les mâles et empêcher l’accouplement.

Et bien sûr, en cas de nouveaux aménagements, il sera nécessaire de ne pas planter de pin dans des zones infectées et de privilégier de la diversité végétale.

A Versailles, une campagne de pose des écopièges, cités en introduction, a eu lieu à la mi-février.

La processionnaire du chêne​​

Le cycle de vie de la Thaumetopoea processionea se passe quasi intégralement sur l’arbre : de l’éclosion en avril généralement, à la nymphose.

Son cycle biologique n’est donc pas le même que la processionnaire du pin : les œufs sont pondus par le papillon en fin d’été et on estime qu’il y a 150 à 200 œufs pondus par an et par chenille.

C’est sous cette forme que la processionnaire passera la période hivernale : logique, puisqu’elle attendra la pousse des feuilles pour éclore et s’en nourrir ainsi que des bourgeons. Cette chenille défoliatrice est particulièrement amatrice des chênes dits sessiles et pédonculés, plutôt en sujets isolés et profitant des rayons du soleil.

Vivant en colonie, les chenilles se rassemblent dans des nids (bien que la nymphose se fasse dans un cocon individuel) qui peuvent être difficiles à identifier.

Les processionnaires sortent en fin de journée pour se nourrir des feuilles du chêne. Par la perte de son feuillage, l’arbre n’est plus en capacité de faire sa photosynthèse de façon optimale, s’affaiblissant grandement et le rendant plus sensible aux maladies et ravageurs. Un arbre infecté présentera ainsi rapidement des signes d’affaiblissement par une défoliation plus ou moins importante.

Il est absolument nécessaire de ne pas s’approcher d’un arbre infecté, cette chenille étant la plus urticante. Elle est ainsi dangereuse pour les animaux autant que pour l’Homme et on estime que ses poils restent urticants durant 2 à 3 ans.

Côté lutte, la pose de pièges à phéromone est recommandé mi-juin jusqu’à fin septembre. Le plus efficace reste l’utilisation de produits phytosanitaires d’origine naturelle homologués pour l'usage 14053102 "Arbres et arbustes*- Traitements des parties aériennes*Chenilles phytophages en privilégiant l’intervention d’un professionnel.

Pour les deux espèces de chenilles, le port d’un équipement de protection individuel, incluant le visage, est indispensable. D’autant plus, pour toute taille dans des arbres pouvant être infectés.

Un de leurs prédateurs naturels est la mésange charbonnière qui peut consommer près de 500 chenilles par jour. La pose dense de nichoirs peut donc permettre de réguler la prolifération des chenilles, la mésange étant sédentaire.

Un observatoire dédié 

En France, l’Observatoire des espèces à enjeux pour la santé humaine, via le site internet : especes-risque-sante.info a été créé en 2021 par le Ministère des Affaires sociales et de la Santé avec le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, le ministère de l'Écologie et le ministère de l'Intérieur. Il rassemble les différents programmes en lien avec certaines espèces à enjeux sanitaires (moustiques, tiques, punaises de lit, …) dont l’Observatoire des chenilles processionnaires. L’ensemble est coordonné et animé par FREDON France, un réseau national d’expertise végétale.

Il est possible d’y trouver des conseils et également de transmettre des données sur les nids identifiés.

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