Rebondir vers l’emploi ? Les stratégies gagnantes en 2025
Article compte rendu 1ère table ronde Versailles Rendez-vous de l’Emploi des Femmes – Octobre 2025
Un événement au service des femmes et de leur carrière. Pour la cinquième année, la mairie de Versailles a réuni les femmes autour d’une initiative désormais très attendue, « Les Rendez-vous de l’Emploi des Femmes », organisée le 9 octobre 2025 à l’Hôtel de Ville. Ce salon, comme l’a expliqué dans son allocution liminaire Dominique Roucher-de Roux, Première Adjointe au Maire de Versailles et Déléguée au Développement économique, à l’Emploi et aux Affaires générales, a pour vocation d’accompagner les femmes dans leurs recherches d’emploi, leurs évolutions de carrière, leurs créations d’entreprise et leurs reconversions. Rencontres avec des entreprises, des associations, des cabinets de recrutement, coachings, conférences et tables rondes : les ressources sont multiples pour favoriser l’émergence de nouvelles opportunités pour toutes.
360 participantes ont assisté aux deux tables rondes animées par la journaliste Catherine Laurent, un moment privilégié pour recueillir conseils, nouvelles idées et bonnes pratiques et poser des questions aux intervenantes. Le deuxième échange, « Vivre plusieurs vies professionnelles en même temps : le double défi de l’épanouissement et de l’argent », a fait le point sur les doubles vies des slasheuses, ces salariées ou indépendantes qui cumulent plusieurs activités professionnelles en même temps. Nous revenons ici sur la table ronde qui a ouvert la journée des Rendez-vous de l’Emploi des Femmes, intitulée « Rebondir vers l’emploi : 3 femmes partagent leurs stratégies gagnantes », afin de diffuser ses précieux enseignements.
Savoir comment aborder un marché de l’emploi en tension. En raison de l’instabilité politique et géopolitique, les entreprises peinent aujourd’hui à réaliser un chiffre d’affaires satisfaisant. L’incertitude domine. Il est donc souvent plus difficile de trouver un CDI car les employeurs ne veulent pas s’engager à long terme.
La bonne nouvelle, c'est que le marché du travail valorise davantage les parcours non linéaires : on peut davantage passer d'un statut de free-lance à un CDD en passant par de l'intérim sans que ce ne soit suspect. Les cursus atypiques se multiplient, à tel point que l'atypique est devenu le nouveau typique.
Les voies qui mènent au CDI sont donc plus indirectes qu’avant. Quelles sont-elles et comment développer sa carrière quel que soit le type de contrat proposé ? C’est ce que les trois intervenantes ont clarifié lors de cet échange passionnant en apportant 5 conseils décisifs pour rebondir vers l’emploi qui nous convient.
Trois profils d’expertes issues des secteurs public et privé partagent leurs meilleurs conseils issus de leurs riches expériences professionnelles.
Juliette Mandrin a interrompu sa carrière pendant douze ans pour élever ses enfants tout en s’investissant intensément dans le bénévolat, jusqu’à diriger une association de plus de 100 personnes. Après une séparation, elle décide de retravailler et se forme au recrutement, devient free-lance puis décroche un CDI. Ayant tiré les leçons de ce rebond audacieux et habitée par l’envie d’exercer son leadership naturel, elle fonde Elleboss, une plateforme qui promeut et valorise les talents féminins grâce au travail flexible.
Caroline Beau-Jaud est la directrice des ressources humaines de la Ville de Versailles, dont le leitmotiv est l’humain et la passion du service public. Juriste de formation, elle a intégré la fonction publique en réussissant le concours d’attaché territorial, avant d’occuper successivement des postes à responsabilités à Fontenay-aux-Roses, Vitry-sur-Seine puis Antony. Forte de cette longue expérience, elle dévoile les coulisses des métiers de la fonction publique, leurs opportunités, leurs avantages et les profils recherchés.
Cécile Blanchet-Panzera incarne le goût de l’apprentissage et du nouveau départ : diplômée d’une école de commerce, elle a d’abord passé dix ans dans l’industrie médicale à des postes de marketing avant d’opérer une première reconversion en système de management environnemental et éco-conception. Elle rejoint ensuite les Chambres de commerce de Nanterre puis Versailles, où elle accompagne les entreprises puis les équipes pendant plus d’une décennie. Animée par l’envie d’entreprendre, elle lance sa société TOUS LES PARCOURS en 2024 et exerce aujourd’hui comme consultante en orientation scolaire et professionnelle, spécialisée dans les bilans de compétences en partenariat avec Orientaction.
Conseil #1 – Mobiliser ses compétences transférables et son réseau
Juliette Mandrin incarne la puissance du rebond, alors qu’elle aurait pu partir perdante. Après un bac +2, de l’intérim, puis douze années consacrées à ses enfants, elle a repris pied dans la vie professionnelle grâce à deux leviers essentiels : les compétences transférables et le réseau.
On se dit parfois : j’ai arrêté de travailler, qu’est-ce que j’ai fait ? En réalité, on a fait énormément de choses. En tant que mère, on acquiert un savoir-faire en organisation et en logistique. Dans l’associatif, on développe des compétences en leadership, en gestion de projet, une capacité à travailler en équipe, une aisance dans la prise de parole » analyse-t-elle.
Ce rappel est crucial : les expériences extra-professionnelles comptent. Diriger une association, organiser un évènement, gérer une équipe de bénévoles : tout cela constitue un capital professionnel réel, recherché par les employeurs. Et le réseau ? Là encore, Juliette insiste :« Tous les gens comptent. La relation humaine, c’est ce qu’il y a de plus important. C’est en parlant autour de moi, à un dîner, que j’ai trouvé ma première opportunité dans le recrutement. »
Son message est limpide : oser solliciter son entourage, ses anciens collègues, les associations locales, les réseaux de quartier et tous les professionnels que l’on côtoie.
Conseil #2 – Considérer toutes les opportunités
Le parcours de Cécile Blanchet-Panzera illustre à merveille cette capacité à identifier les portes qui s’ouvrent, même lorsque ce ne sont pas celles que l’on attendait.Après dix années passionnantes dans l’industrie médicale, elle ressent le besoin de se réorienter. Elle étudie la norme environnementale ISO 14 001 et l’éco-conception, et c’est l’un de ses formateurs qui la recrute.
Je suis repartie de zéro sur la grille de salaire et en termes d’ancienneté, mais je peux partager le bonheur d'apprendre à nouveau : la formation m’a apporté énormément d’oxygène et de stimulation intellectuelle.
Un peu plus tard, alors que son employeur met la clé sous la porte, Cécile Blanchet-Panzera postule à un simple CDD de quatre mois pour remplacement de congé maternité à la Chambre de Commerce et d’Industrie. L’expérience se transforme en CDI et en une aventure professionnelle de 15 ans qui la fait passer par la case management pendant 10 ans. « Il n’y a pas de petites opportunités » insiste-t-elle.
Son témoignage rassure : on peut changer de voie à 30, 40 ou 50 ans, redémarrer modestement et pleinement grandir, apprendre et retrouver du sens à chaque étape professionnelle.
Conseil #3 – Définir ses besoins : un rebond doit être réaliste
La reconversion ou l’entrepreneuriat attirent mais nécessitent d’évaluer un aspect souvent tabou : la réalité financière.
Juliette Mandrin met en garde contre le mythe des « métiers passion » :
« Si vous êtes la quarantième naturopathe du quartier, ça va être compliqué… Il faut faire une étude de marché, calculer vos tarifs, élaborer votre business plan et avoir les reins solides financièrement. L’autre solution peut être de partager votre temps avec une activité plus opérationnelle en parallèle pour que ce soit viable. »
De son côté, Cécile Blanchet-Panzera, devenue consultante indépendante en orientation, confirme l’importance d’un modèle économique viable :
Je ne me voyais pas commencer toute seule chez moi sans légitimité ni notoriété. J’ai cherché longtemps un partenaire, j’ai investigué le monde des franchises, des licences de marque. Monter son activité, oui, mais pas à n’importe quel prix » prévient-elle. Je suis aujourd'hui partenaire Orientaction qui est spécialisé dans la réalisation de bilans de compétences et regroupe environ 1000 consultants en France. Le modèle est intéressant : je me suis formée auprès d’eux via mon CPF, j'utilise leur plate-forme, leurs outils d'accompagnement technique et de communication. Il y a un siège et aussi d’autres collègues indépendantes.
Toutes deux convergent : prendre le temps de construire un modèle économique, identifier ses besoins, ses charges, son rythme de travail, trouver un cadre d’accompagnement (incubateur, réseau, organisme de formation etc.) est indispensable pour se lancer.
Conseil #4 – Se tourner vers la fonction publique et ses opportunités avantageuses
La troisième intervenante, Caroline Beau-Jaud, DRH de la Ville de Versailles, offre un regard précieux sur les règles du jeu du recrutement côté fonction publique.
Et démontre elle aussi qu’il n’y a pas de petites opportunités. Après une maîtrise en droit public, elle s’offre une parenthèse professionnelle et occupe un premier job dans la restauration. C’est la surprise : il lui fait découvrir son talent naturel et insoupçonné pour le management.
« J’avais 11 hommes sous ma responsabilité, en cuisine et en salle. Tous beaucoup plus âgés que moi. J'ai senti que c'était naturel pour moi de conduire des équipes. Je me suis vue grandir, vitesse grand V. Je me suis dit : je suis faite pour ça ! »
Elle met alors en pratique ce don dans la carrière publique via un concours d’attaché territorial. Et découvre la diversité des métiers que propose l’échelle communale :
On recrute bien à la ville de Versailles, je n’ai que 70 emplois vacants. On a aussi des métiers en tension. Par exemple les métiers techniques dans les domaines de la voirie, du bâtiment, de l'urbanisme, de l'énergie, de la sécurité, ainsi que d’importants besoins dans les filières sociales et médico-sociales, notamment la petite enfance où il y a une crise générale des vocations. On a du mal à recruter des auxiliaires de puériculture, des éducateurs jeunes enfants et infirmières, des personnes pour diriger les structures de la petite enfance. Dans les profils administratifs et financiers, on recherche régulièrement des juristes, des contrôleurs de gestion, des responsables des achats, des gestionnaires carrière et paie, des experts en marché public et finances locales. On peut se sentir loin de ces secteurs, mais moi-même je suis rentrée sans connaître le métier, on se forme sur le tas, et avec la motivation, on peut tout ! » encourage-t-elle.
Pour se tenir au courant des offres de recrutement, Caroline Beau-Jaud recommande de consulter le site internet de la ville, les sites liés à la fonction publique comme emploipublic.fr ainsi que la page LinkedIn des villes qui nous intéressent.
Tester de nouveaux horizons est toujours une bonne idée !
Conseil #5 - 3 clés pour convaincre les recruteurs : savoir-être, motivation et engagement
En matière de recrutement, le message de Caroline Beau-Jaud est clair :
« Le savoir-être compte énormément. Le savoir-faire, lui, s’apprend. J’ai recruté des personnes sans le bac qui sont aujourd’hui cadres parce qu’elles avaient une énergie et une motivation incroyables. Je l’ai vu dès le premier entretien. »
Rebondir vers l’emploi, c’est aussi apprendre à structurer son discours, identifier et mettre en avant ses 3 à 5 compétences clés et se présenter avec conviction.
Pour Caroline Beau-Jaud : « Il faut savoir illustrer son parcours et montrer l’impact de ses actions. Et surtout : être authentique, positif, s’intéresser, poser des questions. »
Juliette Mandrin, qui est en contact direct avec les recruteurs via sa plateforme Elleboss, connaît bien le sujet :
« Les entreprises cherchent des gens engagés, stables, impliqués. Les compétences opérationnelles, actionnables immédiatement, sont aussi fondamentales. Dans le contexte actuel, les entreprises ont besoin d’être rassurées. »
Montrer sa personnalité, sa force de conviction, faire bonne impression : un recrutement passe aussi par ce que l’on transmet humainement.
Conseil #bonus - Le bilan de compétences : un outil puissant pour reprendre confiance
Cécile Blanchet-Panzera accompagne aujourd’hui adultes et jeunes qui souhaitent clarifier leur avenir. Le bilan de compétences est, selon elle, un outil profondément transformateur.
« Les personnes arrivent rarement pleines d’énergie… mais repartent avec une envie nouvelle. On identifie ses valeurs, ses besoins, ce dont on ne veut plus, ce qu’on veut vraiment faire. »
Elle précise à quels moments il est opportun d’en faire un : « Lorsqu’on se demande comment va évoluer sa vie professionnelle, lorsqu’on ressent un inconfort professionnel, voire un malaise, quand on a été licencié ou que l’on est au chômage. »
Elle décrit un processus structuré en huit rendez-vous de deux heures sur une période de quatre à six mois, permettant notamment de :
- faire le point sur ses valeurs, ses besoins, sa personnalité,
- analyser ses expériences,
- lister ses compétences, y compris invisibles,
- explorer de nouvelles pistes,
- réaliser des immersions professionnelles pour tester un métier,
- définir un projet professionnel précis, réaliste et motivant, avec à l’issue du bilan quatre possibilités : évoluer en interne, changer d’employeur, changer de métier, créer ou reprendre une entreprise.
Le bilan permet avant tout de retrouver confiance, d’éloigner le négatif et de comprendre que chaque expérience a de la valeur.
En conclusion, le rebond passe par trois étapes déterminantes :
- valoriser ce que l’on sait déjà faire, même ce qui ne figure pas sur un CV ;
- se former, apprendre et rester curieux ;
- créer du lien plutôt que rester isolé.
En somme, apprendre à se connaître, se relier et avancer !