Vous en avez toutes et tous entendu parler : le 20 juin 1789, 576 députés réunis à l’occasion des États-Généraux dans la salle dite du Jeu de Paume, prêtent le serment de « ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du Royaume soit établie ».
Mais connaissez-vous le contexte de cet événement et ses répercussions sur la ville de Versailles ?
Le contexte
Remontons le temps. Nous sommes le 19 juin 1789. Les séances des États-Généraux se succèdent à l’hôtel des Menus-Plaisirs depuis le 5 mai. Quelques jours auparavant, le Tiers-État se montre victorieux avec l’adoption de la motion créant une « Assemblée nationale ».
Pour freiner les travaux de ces députés, Louis XVI et ses ministres décident d’annuler la séance prévue au 20 juin afin de préparer celle du 22, où ils comptent casser toutes les précédentes décisions du Tiers. Cette annulation passe par la fermeture de l’accès aux Menus-Plaisirs, annoncée le 19 juin au soir.
Le lendemain, les députés réunis devant l’hôtel refusent de céder à la pression, et sous la suggestion du député Guillotin, partent s’installer dans la salle du Jeu de Paume.
Ce cortège, mené par le président de l’Assemblée nationale Bailly, traverse la place d’Armes, longe la rue de Satory puis gagne celle du Vieux-Versailles, jusqu’à arriver à sa destination.
La salle, habituellement louée par le sieur Lantaille pour les activités sportives lui conférant son nom, se retrouve remplie par les députés. Jean-Joseph Mounier s’applique à la rédaction du serment, qui sera proclamé par Bailly devant l’assemblée.
Après le vote, les députés viennent appliquer leur signature sur le texte pour marquer leur adhésion. L’événement est immortalisé dès le lendemain par la presse sous le nom de « Serment du Jeu de Paume ».
Son influence sur les contemporains est immédiate. Le lundi 22, les députés se retrouvent directement devant le Jeu de Paume au lieu des Menus-Plaisirs. Cependant, le roi en a également interdit l’accès, et l’assemblée est à nouveau contrainte de s’établir ailleurs.
Le choix se porte sur l’église Saint-Louis. Cette séance, peut-être moins célèbre que la journée du 20 juin, reste pourtant un tournant dans l’évolution des États-Généraux puisqu’elle concrétise l’association des membres du Clergé aux représentants du Tiers.
L'impact dans Versailles
Le serment du Jeu de Paume devient vite un symbole à Versailles, avec notamment la création de la société politique éponyme par Gilbert Romme en 1790.
Cette dernière œuvre à l’entretien de la mémoire du 20 juin en organisant la première fête commémorative à l’occasion du premier anniversaire, en compagnie de la Garde nationale.
Jacques-Louis David renforce le souvenir du serment en lui donnant un visuel, avec son esquisse de 1791 exposée au musée national du Château de Versailles.
Le centenaire de 1789 entraîne la réutilisation massive de l’œuvre au travers de cartes postales, dont de nombreux exemplaires sont conservés aux Archives communales de Versailles.

Coll. ACV, A 2287.
Le décret du 28 octobre 1793 ancre définitivement le serment du Jeu de Paume dans le paysage de Versailles en faisant de la salle un bien national où sera gravée que, par cet événement, la ville « a bien mérité de la Patrie ».
Ce même décret vise aussi à employer la salle inutilisée pour l’instruction publique.
La municipalité de Versailles fait de l’entretien de la mémoire du Jeu de Paume l’une de ses missions en demandant directement à l’Assemblée constituante l’autorisation d’organiser une fête commémorative locale.
En prévision de la célébration prévue pour le 30 prairial an VII, le conseil fait restaurer la salle, à partir d’un plan de 1787. Le ministre de l’Intérieur adressera une lettre de félicitations aux représentants de la ville pour leur initiative.
L’avènement du Premier Empire puis de la Restauration marque une période de délaissement de la salle du Jeu de Paume qui, en 1830, sert de magasin de dépôt d’objets de décoration de théâtre et de pièces de bois de charpente.
Entretenir la mémoire
Le retour d’un régime républicain renouvelle l’enthousiasme pour l’entretien de la mémoire du serment. La salle du Jeu de Paume est refaite une première fois en 1870, puis une seconde en 1883.
La commémoration du serment est de plus inscrite au programme du centenaire de la Révolution française que la municipalité de Versailles prépare depuis 1888.
Aux Archives communales de Versailles se trouvent l’ensemble des dossiers préparatoires des différentes cérémonies sous les cotes 1 I 1268, 1 I 1057, 1 I 4362 et 1 M 1450.
Le 20 juin 1889, les Versaillaises et Versaillais enchaînent les manifestations, depuis la réception des ministres, membres du Parlement et autres représentants du pays jusqu’au concert dans la soirée aux jardins de l’Hôtel de Ville.
Et maintenant ?
Le 150ème anniversaire du serment du Jeu de Paume est quant à lui immortalisé par des photographies prises le 20 juin 1939. Ces célébrations se poursuivent jusqu’à aujourd’hui, et notre service en garde précieusement les archives.
Depuis 2024, la salle du Jeu de Paume est ouverte au public et librement visitable. Retrouvez toutes les informations dans l'article Redécouvrez la salle du Jeu de Paume.
Cérémonie du 150ème anniversaire du serment du Jeu de Paume. Photographie, Vincent Jean, Studio André, Versailles. 20 juin 1939. Coll. ACV, 5 Fi 41/6.
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