Des scènes improvisées

Il est aujourd'hui presque impossible d'imaginer le Château de Versailles sans aucune véritable salle de spectacle. Jusqu'en 1770, c'était pourtant le cas. Surprenant, lorsque l'on connaît l'impulsion que Louis XIV et ses successeurs donneront au théâtre, à la musique et à  l'art en général.

Avant cette date, les représentations ont souvent lieu dans une salle étriquée, aménagée provisoirement dans le passage du Midi. On installe aussi des théâtres de circonstance dans les bosquets du parc. La plupart des grandes représentations ont lieu dans le superbe décor de l'Escalier des Ambassadeurs.

Ce n'est qu'en 1770, à  l'occasion du mariage du futur roi Louis XVI avec Marie-Antoinette qu'une véritable salle de spectacle est construite. Le festin des noces et les grands bals l'exigent. L'architecte Jacques-Ange Gabriel réalise une prouesse technique avec l'Opéra : 712 places, une acoustique parfaite et un système mécanique permettant de mettre le plancher de la salle au niveau de la scène.

En réalité, la ville royale a toujours accueilli fêtes et spectacles : en 1663, alors que le château reçoit Louis XIV et la cour pour la chasse, la troupe de Molière donne ses propres œuvres. On joue "Les Fâcheux" (écrit avec Lully), "l'Impromptu de Versailles", et "Sertorius" de Corneille.

Les auteurs en vogue

Sous le règne de Louis XIV, entre 1682 et 1715, mille deux cents tragédies et comédies sont données à  la Cour ! Molière, Corneille et Racine sont les auteurs les plus prisés. "Les femmes savantes", "Le Cid", "Cinna" et "Phèdre", les pièces les plus appréciées.

En 1665, la troupe de Molière devient Troupe du Roi et donne "L'amour médecin" (écrit avec Lully). Mais le grand auteur meurt en 1673, et Racine cesse d'écrire pour le théâtre en 1677. La vie théâtrale s'organise tout de même au Château : la Comédie Française, constituée depuis 1680 vient régulièrement de Paris donner des représentations.

Louis XVI demandera à  Marie Antoinette d'être en quelque sorte, "Ministre des plaisirs de la Cour". La grande Reine multipliera les lieux de spectacles. Résolument moderne, elle donnera une nouvelle impulsion au théâtre. Elle ira même jusqu'à  jouer dans son Petit Théâtre, "Le Mariage de Figaro", de Beaumarchais. La pièce, jugée trop critique avec la société de l'Ancien Régime, avait été interdite par le Roi...

Fêtes et spectacles

Monarque absolu, Louis XIV, avait bien compris l'importance de divertir la Cour pour se l'attacher plus sûrement. Régulièrement, Versailles devient ainsi le théâtre de fêtes grandioses.

En mai 1664, les réjouissances durent huit jours. Cette fête, "les Plaisirs de l'Ile enchantée", ajoute au spectacle des joutes sportives (Course de Têtes et de bagues). Poésie, théâtre, musique, danse, arts plastiques, illuminations et feux d'artifices sont mêlés, et déclinés sur tous les genres : comique, tragique, romanesque, lyrique, épique etc. On donne aussi à  cette occasion "la Princesse d'Elide", de Molière et Lully.

En juillet 1668, le Grand Divertissement Royal est plus grandiose encore que le spectacle de 1664. On y donne "les Fêtes de l'Amour" et "Bacchus", de Molière et Lully. Il faut imaginer les architectures éphémères (dont le théâtre), les illuminations, festins et bals qui vont de pair.

Enfin la fête de 1674 se déroule sur six journées étalées sur deux mois, du 4 juillet au 31 août. Cette fois-ci ce sont la Grotte de Thetis et la Cour de marbre qui servent de théâtre. On donne "Alceste" de Lully et "le Malade imaginaire" de Molière, mort l'année précédente. Le Roi danse - pour la dernière fois en public- le rôle du Grand Amant dans le Ballet des Amants magnifiques. 

De 1780 à aujourd'hui

Le Versailles contemporain est en prise directe avec celui des années 1780, époque à  laquelle le Théâtre Montansier innove par son architecture. Il est alors le premier théâtre de France, par sa fréquentation et présente toutes les oeuvres à  la mode. Le public parisien s'y bouscule. Restauré en 1993, il crée ou recrée des oeuvres de tous les temps, de Molière à  Ionesco, en passant par Sacha Guitry et Pagnol. L'art dramatique est pratiqué largement depuis le théâtre amateur jusqu'aux créations des jeunes compagnies, en passant par les écoles de comédiens, au Conservatoire et dans les centres culturels et au Théâtre de l'Octroi.

Foyer de création culturelle et artistique dans toutes les disciplines (musique, théâtre, arts plastiques), la ville de Versailles donne toujours la place qu'elles méritent aux créations théâtrales.

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